Yann Penhouet

Passionné depuis toujours par l’art, l’histoire, les affiches anciennes et les vieux papiers, sa technique est centrée sur le collage... entre Pop Art et Street Art.

 

Artiste collagiste autodidacte, Yann Penhouet alias YP vit et travaille entre Paris et Vichy.

 

Ses sources d’inspirations sont nombreuses : Mimmo Rotella, François Dufrêne,

Jacques Villeglé et Raymond Hains… qui ouvrent la voie dans les années 50 avec leur travail sur les affiches lacérées.

 

Dans cette lignée, Yann Penhouet sélectionne avec un soin particulier des affiches anciennes qu’il chine puis retravaille, lacère, colle, déchire et rehausse à la peinture, au pochoir ou à l’aérographe.

 

Dans une démarche qui oscille en permanence entre le vintage et le contemporain, l’artiste recherche avant tout à créer l’illusion d’un face à face « nostalgique » pour le public qui redécouvre une affiche ancienne au détour d’une ruelle. Il fait également dialoguer la forme et le fond, l’affiche est confrontée à des extraits de journaux et de publicité qui servent à mettre en lumière un univers. Tout le travail de précision et de recherche se fait en amont et nécessite une préparation minutieuse et délicate.

 

Yann Penhouet pourrait faire sienne cette phrase de Jacques Villeglé « La vie d’un artiste doit commencer par la flânerie ».

 

« Je chine beaucoup, j’essaie de retrouver des articles de presse, des vieux papiers

qui sont en rapport avec mon sujet et en rapport avec l’année de l’affiche que je

veux mettre en lumière. Je regarde également les jeux de couleurs, de typographies dans les journaux pour donner du relief à mes tableaux. J’aime travailler le papier, le manipuler, le froisser, le découper… J’ai une réelle interaction avec la matière. Je me retrouve davantage dans l’énergie d’un sculpteur avec cette relation particulière avec ce matériau. »

 

A travers l’usage quasi-exclusif d’un matériau unique – Le papier –, Yann Penhouet a développé des œuvres étonnantes de richesse et d’authenticité.

 

Ses sujets de prédilection ? l’automobile, les pin-ups, le cirque, et le cinéma des

années 50’ et 60’.

 

 

 

 

 


Rencontre avec l'artiste

Vous êtes autodidacte : quel a été l’élément déclencheur de votre création ?

D’où vient cette attirance pour la technique du collage, pourquoi celle-ci ?

 

C’est surtout une forte envie de combiner toutes mes passions comme la publicité, l’histoire, les affiches anciennes et les vieux papiers…

Le collage, à travers l’affichage publicitaire, est pour moi un moyen formidable d’expression artistique.

 

Je compare très souvent le collage à une forme de sculpture… en effet lorsque je travaille les vieux papiers, je le touche, je m’en imprègne, je le déchire, il y a des odeurs… c’est une véritable interaction, chose que l’on ne retrouve pas à mon sens dans un travail de peinture.

 

 

Votre travail se situe entre « le pop art et le street art » : avez-vous déjà travaillé dans la rue ?

 

Je me considère effectivement entre le pop art et le street art, Pop art pour les différents thèmes et sujets que j’aborde et street art pour la technique que j’utilise.

Le collage est pour moi avant tout un art urbain. Je réalise effectivement des œuvres éphémères dans la rue.

 

 

Où trouvez-vous les articles de presse d’époque qui sont utilisés dans vos œuvres ?

 

Je trouve principalement ma matière première sur les vides greniers, les salons ou auprès de particulier. J’adore chiner les vieux papiers.

 

 

Y’a-t-il un long travail de préparation en amont de chaque œuvre ? Ou bien la spontanéité qui ressort finalement comme impression globale est-elle aussi le maître mot de la création ? Les collages et les lacérations sur les affiches sont-elles hasardeuses ou préparées?

 

Effectivement, pour remettre l’affiche dans son contexte de l’époque cela nécessite beaucoup de préparations en amont car je me documente dans un premier temps, ensuite il faut trouver les articles de presse et publicités d’époque.

Il arrive parfois que je trouve l’affiche sans avoir les papiers ou inversement. Pour que je débute un tableau, il faut absolument la combinaison de ces deux éléments.

Ensuite, après sélection des typographies, des articles… je déchire mes papiers, je les plonge dans différents bains de peinture avec des pigments, puis ils sont séchés et enfin collés couche par couche pour créer une œuvre unique.

Il faut également respecter de nombreux temps de séchage… c’est un processus assez long. Il faut en moyenne 15 jours de travail pour réaliser un seul tableau.

 

On pourrait croire en observant mes différentes œuvres qu’il s’agit simplement de papiers déchirés et collés… et pourtant, rien n’est laissé au hasard, chaque papier a une place bien précise. Le collage est un art extrêmement technique. 

 

 

Quelle est l’importance de la peinture dans vos œuvres ?

 

La peinture est complémentaire au collage, elle permet d’ajouter des éléments que le papier ne peut pas apporter, de rehausser l’affiche et elle contribue à rendre vivant, à créer une ambiance. Elle permet également d’aborder le tableau différemment de façon à apporter une empreinte plus personnelle.

 

 

Depuis combien de temps travaillez-vous cette technique ?

 

Bientôt dix ans que je travaille, que je perfectionne cette technique unique.

 

  

Vous travaillez des images d’objets ou d’icônes cultes : est-ce pour les insérer dans la société actuelle ? Montrer qu’elles n’ont pas complètement disparu et ont toujours une influence ? Ou, au contraire, qu’elles sont dépassées par la société contemporaine ?

 

J’ai de nombreux thèmes de prédilections comme le cinéma, l’automobile, le cirque, les pin-ups… Je travaille essentiellement avec des affiches des années 1930 à fin 1960 (avec un penchant pour les années 50/60).

Lorsque je compose un tableau, je le traite toujours en gardant à l’esprit la notion de « vintage » ou de « flash-back », comme si on pouvait apercevoir cette ancienne affiche placardée au fond d’une ruelle ou sur une vieille palissade. Tel un témoignage du passé.

 

Je dis très souvent que mes œuvres sont également à la frontière entre l’œuvre d’art et la pièce d’antiquité (lorsque l’on prend l’exemple des œuvres Porsche 1954 ou le GP de Monaco 1936), elles auraient pu être de véritables palissades des années 50).

 

 

Quelle lecture faites-vous de vos œuvres ?

 

Il y a une double lecture dans mes créations, une première lecture avec du recul lorsque l’on contemple le tableau dans son ensemble et une deuxième lecture lorsque l’on s’approche pour lire en détail les articles de presse.

 

 

Les références à la culture américaine sont très présentes dans votre œuvre. Qu’est-ce qui vous inspire dans cette société ?

 

Effectivement, j’aime beaucoup la culture Américaine des années 50/60 : on sort de la deuxième guerre mondiale et il faut tout reconstruire, les personnes recommencent à consommer et on voit apparaître l’explosion de la publicité. J’aime revisiter les œuvres des grands illustrateurs publicitaires américains comme par exemple Gil Elvgren ou Peter Driben avec ces superbes pin-ups. Une manière de leur faire un clin d’œil et de rendre hommage aux femmes et leur féminité.

 

 

Dans un tout autre registre, je suis également très sensible au travail de l’italien : Mimmo Rotella qui lacerait de vieilles affiches de cinéma.

 

 

Béatrice Martini

info@beatricemartini.com /www.beatricemartini.com